Salève au printemps 2010

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Dimanche 11 avril 2010: C’est maintenant le printemps, les bourgeons repoussent, les gazons verdissent et le soleil est au rendez-vous. La dernière fois que l’on a fait le Salève, c’était encore l’hiver, il y avait de la glace, une vraie patinoire. On a donc décidé d’attendre la belle saison pour y retourner, et comme il fait un peu trop froid pour le vélo, ce dimanche c’était donc parfait pour y faire une balade.

Le 11 avril, on a fait le trajet de Bois-Mouton, passé par le petit village de Monnetier où il y a des vendeurs de produits locaux. Un trajet que l’on avait déjà fait l’année passée, c’est pourquoi je n’ai pas plein de détails nouveaux. Mais ayant un peu de temps, j’ai porté plus attention aux affiches en haut du téléphérique qui refont, en bref, l’historique du Salève, une montagne avec une longue histoire. Je vais donc vous faire un bref résumé ici. Si vous voulez des détails, le site de l’association Genevoise des amis du Salève a une documentation très très complète avec photos et même des cartes fait à la main.

Samedi 17 et dimanche 18 avril 2010: Je ne ferai pas un post séparé pour la randonné de cette semaine du 18 avril 2010, car oui, on est retourné faire du hicking après un samedi en vélo. Pour la portion vélo (samedi il faisait froid, mais bien habillés cétait supportable.

On est allé sur la rive gauche, direction Yvoire, question de faire assez de km pour bien sentir nos jambes. Une “petite” journée de 60 km en 3 heures pile, c’est parfait. Brigitte était en feu, elle est même plus en forme qu’à la fin de la saison dernière. Moi aussi, ça été beaucoup mieux que mes premières sorties l’an dernier. Faut croire que nos cours de spinning donnent des résultats. Ce n’est pas juste une question de cardio, mais on a appris à aborder différemment les côtes et les plats. Bref, c’est un super entraînement.

Ensuite dimanche nous sommes allés au Salève, avec plein de nouveaux marcheurs, on était plus de 50. Le chemin était difficile mais on était dans le groupe de tête. Dire que nous l’avions fait cet hiver et que ça avait été assez pénible et dans des conditions beaucoup plus difficiles. En ce printemps, c’était presque le bonheur, malgré que c’est un long trajet toujours en montée! Ensuite la session de spinning (vélo) très intense du lundi a bouclé la boucle sportive… notre tour du lac arrive à grands pas, on doit être “top shape”.

Donc, voici la brève histoire du Salève, son chemin de fer, son téléphérique et autres informations intéressantes. Le texte est une version très condensée que j’ai copié du site rando-saleve.net. Tous les droits d’auteur appartiennent aux auteurs originaux.

Le Salève – historique. La première mention écrite du mont Salève apparaît au 4e siècle de notre ère: monte Seleuco. La première partie de ce nom dérive d’une racine pré-indoeuropéenne « sal » qui signifie « pente à éboulis ». La deuxième partie – leuco – viendrait d’une langue parlée par les Celtes, signifiant « le mont brillant » . La légende donne une explication plus facile à comprendre: Alors que Gargantua (personnage de légende, Rabelais, 16e siècle) creusait le Léman, il amassa les déblais à l’emplacement de la future montagne. Cette entreprise suscita la curiosité des habitants de la région. En regardant la nouvelle montagne, ils s’écrièrent: « Eh! mais regarde donc comme ça lève! », et ainsi le nom du Salève fut trouvé.

Le château de Monnetier. Le château de Monnetier a été construit au 13 ième siècle. Le château fut pris et brûlé par les Genevois à la fin du 16me siècle quelques années avant l’escalade de décembre 1602. Les ruines restèrent en l’état pendant 3 siècles. En 1885 le château est reconstruit et devient une pension. En 1926, Joseph Dupraz achète le château dans une vente aux enchères; 2 ans plus tard il décède. Son beau-fils, un ancien champion de boxe chilien, Charles Porta, prend la direction de l’établissement. 9 ans plus tard, il meurt à l’âge de 40 ans, laissant derrière lui sa femme Francine et leur fille Josette, âgée de 7 ans. Nous sommes en 1937. En 1981 Francine meurt à son tour à l’âge de 86 ans. Josette fait survivre l’établissement jusqu’en 1989. Le château abrita donc une pension pendant 100 ans. Suite à l’échec d’une vente à un émir koweïtien à cause du refus de la municipalité de fermer le domaine au public, pourtant privé, le château est vendu, début 1999 pour 4-6 millions CHF à Panorama 2000 qui, après avoir effectué des travaux, a essayé, de vendre le château en 9 appartements de luxe ou en entier, prix demandé: 250’000 CHF par appartement ou 2 millions pour l’ensemble (1200 m2 de planchers dans un parc boisé de 35’000 m2).

Brève histoire du Chemin de Fer du Salève (1893-1935) (LG). Premier chemin de fer à crémaillère électrique du monde. Surnommé “ Funiculaire du Salève ” malgré l’absence de câble de traction. Ne pouvant prélever son énergie électrique sur le réseau public, alors inexistant, la Société Anonyme des Chemins de Fer du Salève (SACFS) fit construire un barrage sur l’Arve, alimentant 2 turbines. Une ligne aérienne de 1700 mètres reliait l’usine à la gare centrale de Monnetier-Mairie. Danger d’électrocution : trois décès en 40 ans de fonctionnement sans compter les ânes, vaches, chèvres et chiens électrocutés. Douze automotrices de 10 tonnes à vide pour 40 places. Deux moteurs de 40 CV. Première ligne de 6 km ouverte en 1893 : Etrembières – Mornex – Monnetier-Mairie – Treize-Arbres. Seconde ligne de 3 km ouverte en 1894 : Veyrier – Monnetier-Mairie. Les trains (composés d’automotrices indépendantes) venus d’Etrembières et de Veyrier se rejoignaient à Monnetier-Mairie (650 mètres d’altitude) ; partis à la même heure d’en bas, ils ne formaient plus qu’un seul convoi jusqu’au terminus des Treize-Arbres à 1140 m d’altitude. Vitesse maximale du petit train : 10 km/h, trajet aller : 1 heure. Coût aller-retour pour l’été 1914 : 1ère classe : 10 CHF., 2ème classe : 7 CHF. En 1932 l’ouverture du téléphérique, la construction des routes et le développement de la voiture individuelle entraînent la mort du train.

Le téléphérique du Salève (1932 à nos jours) Un article de la Tribune de Genève ( Copyright TdG) du 19.5.2001 par Fabrice Breithaupt .
La gare de départ se situe sur le territoire de la commune d’Etrembières, la gare d’arrivée sur celle de Monnetier-Mornex. Dénivellation de 666 m, 1200 mètres de câble. Actuellement 60 personnes sont transportées en 3 minutes (au début 30 personnes en 6 minutes). La période glorieuse, entre 1932 et 1939 a vu jusqu’à 2500 personnes montées dans un dimanche (une attente d’une heure). Le seuil de rentabilité a passé de 30’000 personnes en 1939 à 200’000 personnes aujourd’hui. En 2007 il y avait 107’000 passages (= trajets = aller ou retour).

Un audacieux promoteur. En 1932, le Suisse Auguste Piccard s’élève en ballon à 1650 m d’altitude. Un planeur vient de traverser la Manche et un hydravion géant l’Atlantique. Maryse Bastié franchit les 37 km/h en avion. Le Graf Zeppelin rallie l’Amérique du Sud. Au pied du Salève, Auguste Fournier que soutiennent 300 actionnaires s’est entouré d’ingénieurs et d’architectes d’avant garde pour lancer à l’assaut de la citadelle rocheuse un téléphérique. Une gare au Pas de l’Échelle voisine celle où ont rendez-vous le tram de Veyrier et le funiculaire. A 1100 mètres, l’autre station est une construction remarquable d’audace. Un dénivelé de 660 m sépare les deux gares. Des câbles tendus supportent deux cabines en bois rouges et jaunes de 30 places chacune. Les trois câbles sont en même temps porteurs et tracteurs selon un système mis au point par l’ingénieur André Rebuffel. L’avantage, placer indifféremment la station motrice en haut ou en bas.

Ce samedi 27 août 1932, c’est l’inauguration officielle. Il fait une chaleur étouffante dans la plaine. Après les discours, les officiels embarquent. Huit minutes plus tard ils sont sur le ” béquet ” en béton de la station supérieure. A l’air libre pour humer un peu de fraîcheur des cimes. Tout de suite, c’est l’engouement du public. Pas seulement des estivants. C’est un rendez-vous dominical. En ” chaussinettes ” dans les spartiates, cheveux au vent, sourire aux lèvres, un pique-nique dans le panier. On a des rêves d’évasion plein la tête et une boîte à souvenirs en noir et blanc en bandoulière. Il n’est pas rare de faire la queue une heure durant avant d’accéder aux cabines. Certains jours, il y a jusqu’à 2500 candidats au voyage qui attendent cet instant de vertige silencieux vécu à quatre mètres seconde.

Pourquoi le Salève n’est pas genevois. Texte extrait de Nature et histoire du Léman de Paul Guichonnet, éditions Cabédita 1994, élaboré par le Comité départemental de la randonnée pédestre de la Haute-Savoie – Codérando 74.

Miettes d’histoire. Le 30 décembre 1813, Genève était libérée de la tutelle étrangère et voyait arriver les premières troupes des Alliés, des Autrichiens. Ne voulant toutefois pas être considérée comme un territoire conquis et pour parler en Etat libre avec les vainqueurs de Napoléon, elle restaura son indépendance le 1er janvier 1814.

Les puissances alliées tenaient d’ailleurs à ce que Genève devînt canton suisse et, dès le 20 mai, les députés de notre ville avaient officiellement assuré la Diète que la République désirait faire partie de la Confédération. Le gouvernement provisoire avait donc demandé d’anticiper sur les événements et d’envoyer une garnison fédérale comme premier gage de l’union future. Le 1er juin 1814, au Port Noir, au milieu de la joie générale, des contingents suisses débarquèrent.

Les discussions pour la fixation exacte de la frontière dans la région du Salève furent engagées. Le texte primitif proposé par la Sardaigne portait « et la montagne de Salève », d’Ivernois le modifie alors et écrivit « sur la montagne de Salève », espérant que cette supercherie ne serait pas remarquée. Mais il n’en fut rien. Cette minime substitution de mot pouvait procurer de grands avantages à Genève : si la crête du Salève était la frontière, la montagne devenait genevoise de même que la route passant à son pied. Mais Montiglio, le négociateur sarde « vit la fumée ». Il alla « parcourir toute la montagne de Salève depuis le point où le chemin d’Annecy à Genève entre sur le territoire cédé jusqu’à Viry ».  Je suis bien loin de le penser… Si je pouvais parvenir… à maintenir notre territoire jusqu’au pied et sur les saillies de la montagne du Salève (puisque la base appartient aussi à la montagne que le sommet) je crois que ces Messieurs rabattraient un peu de la joie immodérée qu’ils éprouvent de cette gratuite spoliation ». Au cours de la Conférence, les Sardes n’avaient pas lâché une seule de leurs exigences. Ils soutenaient que « sur » ne signifiait ni « au-dessus » ni « sur la cime », mais plutôt « sur la première petite élévation où commencent les racines de la montagne ». « Sur la montagne », avaient finalement relevé les commissaires genevois, ne pouvait en aucun cas signifier « sous la montagne ». Finalement, le Traité de Turin, signé le 16 mars 1816, fixa avec un grand luxe de détails la frontière telle que nous la connaissons aujourd’hui. Voilà pourquoi nous n’eûmes pas droit à la moindre petite parcelle de ce Salève où tant de Genevois varappent, pique-niquent et passent leurs dimanches !

Journal « Construire » 1979 (Copyright) Jean Dupain

[Photos Affiches anciennes]
© Bibliothèque Publique et Universitaire de Genève (BPU)
© Dominique Frascarolo

MAM


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