Bordeaux (jour 4) – Sauternes et les Graves

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Mardi 14 juin 2011: C’est la dernière journée dans la région bordelaise et nous avons choisi de faire les visites et dégustations dans les régions de Sauternes et les Graves. Nous avions laissé des messages hier sur les boites vocales, mais n’avons reçu aucun retour d’appel. Alors ce matin, nous les rappelons pour voir si nous aurons plus de chance de les rejoindre et réserver des visites. Nous sommes chanceux et avons 3 réservations qui se succèderont au rythme de 1h par visite avant de prendre notre avion en fin d’après-midi. Heureusement que les châteaux ne sont qu’à 10 minutes les uns des autres !

Sauternes est une région avec son propre micro-climat aux abords du Ciron (rivière) qui lui permet de bénéficier d’un climat favorable avec du brouillard matinal qui lui apporte l’humidité suivi du courant d’air en après-midi pour assécher le raisin ainsi que le soleil pour évaporer l’eau. Ceci permet le développement du bottrytis cinerea, un champignon indispensable à l’élaboration d’un grand Sauternes. Dit comme ça, un champignon c’est répugnant, mais ici on parle de pourriture noble qui est favorable et donne les caractéristiques au vin…..et ce sont d’excellents vins.

Ici en Sauternes, on retrouve principalement le cépage de Sémillon et aussi du Sauvignon pour environ 10-30% selon les vignobles. Les vins produits dans cette région particulière sont plutôt liquoreux grâce à ce mélange. A cause du processus particulier, la production par surface est inférieure à celle du Médoc. Dans les régions des grand vins rouges, un pied de vigne peut donner entre une et deux bouteilles de vin « final », dans certaines régions où les appellations sont moins prestigieuses, on peut aller jusqu’à trois. Ici, à cause de la nature même du vin et surtout des raisins déshydratés, le rendement est vraiment moindre, on parle d’un verre de vin par pied de vigne, oui oui un verre (gardez en tête qu’une bouteille c’est 6-7 verres).

Les vendanges sont faites manuellement afin de recueillir seulement les raisins qui sont bien matures, secs et moisis. Il est donc nécessaire de faire plusieurs passages au cours de la récolte tardive pour ramasser les raisins au fur et à mesure qu’ils sont prêts, alors oublions tout ce qui est mécanique pour cette partie. Sinon, le processus de vinification est très semblable à celui du vin avec, bien évidemment, quelques modifications selon les vignobles. Ah oui, une différence marquante c’est qu’il n’y a pas de collage (avec les blancs d’oeuf), ils laissent le vin à l’état pur, mais utilisent plutôt de l’argile qui capture les protéines dans le vin pour éviter d’avoir des filaments dans les bouteilles.

Notre premier arrêt de la journée est le château d’Arche, un vignoble de 32 hectares situé sur une petite colline. Nous avons marché dans le vignoble avec notre guide et nous avons regardé de près les feuillages et raisins des 2 cépages et il nous a indiqué les différences. Aussi, chose que nous n’avions pas vu auparavant, c’est la différence des terreaux. C’est une partie importante dans le goût du vin qui joue un rôle particulier. Ainsi, il y a l’argile qui donne au vin le goût vif et acide, le limon la souplesse et le grave la puissance et la complexité. Donc, les différentes parcelles sur un terroir différent avec des cépages différents donneront un goût particulier et seront mélangées lors des assemblages pour avoir le goût recherché.

Nous avons droit à la visite des chais avec des citernes en inox et des barriques de bois. Le vignoble produit 3 vins – le Château d’Arche grand cru, Château d’Arche Lafaurie et le Prieuré d’Arche (deuxième vin), tous classés AOC Sauternes. Ce sont des vins qui rencontrent nos goûts, sucré, chaud, agrume, caramel….un liquoreux! Nous pourrons retrouver ces vins au Québec, alors nous décidons de ne pas faire d’achat ici. On a goûté le « même » vin, c’est-à-dire les mêmes vignes sur les mêmes parcelles mais d’année différente, et c’est vraiment aussi différent que si vous buviez deux vins. Un est très agrume, pomme, vif, tandis que l’autre est floral et léger.

De plus en plus de maisons de vin ont des winetube, ce sont de petites éprouvettes de vin pour envoyer aux dégustateurs et acheteurs. C’est extrêmement intéressant parce que l’on peut goûter 3-4 vins d’années différentes et ce, dans un format d’un verre (10ml). J’ai regardé les coffrets à toutes les fois que l’on est allé déguster, mais je ne me suis pas laisser convaincre, pas que je ne voulais pas, mais notre sac déborde déjà et ces « kits » sont assez chers, entre 40 et 75 euros.

Le prochain château chez lequel nous avons rendez-vous pour une dégustation est le Château Guiraud. Ce château fait partie des onze premiers grands crus selon le classement de 1855.  Le garçon nous explique dans des mots différents la provenance d’un vin liquoreux, mais à la fin, ça confirme et complète l’information reçue au château précédent. Avec ses 130 hectares, ce vignoble est un des plus gros de Sauternes et appartient à quatre associés. Ici, les cuves sont sous terre afin de mieux régulariser les températures du vin avant de transférer le vin en barrique pour la fermentation et le vieillissement. Une des particularités de l’endroit c’est que les barriques sont neuves à chaque année afin de conserver tous les atouts du jeune baril (comparativement aux autres vignobles où environ un tiers seulement est changé à chaque année). La visite se termine par une dégustation du premier cru de 2006 avec un goût de poire et d’abricot.

Notre dernier arrêt est un peu plus loin et nous sortons de la région de Sauternes pour se rendre dans la région des Graves.  Nous visitons le château de Roquetaillade encore détenu par une famille de 2-3 frères et une sœur, laquelle nous fait la visite des lieux. On visite d’abord l’endroit où les raisins arrivent et où le trie s’effectue. Comme nous sommes près, il est facile de s’imaginer comment fonctionnent les machines. La disposition des barriques est originales ici, en fait tous les barils sont installés sur un système de cathédrale où les barils sont disposés sur six étages. En fait, il y a une grande structure sur laquelle les barils sont déposés laissant de l’espace pour manipuler chacun d’eux et bien sûr il y a une grand escalier qui facilite l’accès à chacun.

Malgré que le processus est très similaire, chaque château a su faire à sa manière pour donner des goûts distincts et très bons. Les installations sont variées et surtout la visite des lieux nous les fait voir sous un angle différent chacun des vignobles. Nous avons passé un très bon moment à Bordeaux et si nous revenons ici, nous pourrons tenter de participer aux vendanges!

MAM

[Photos de Bordeaux – Sauternes et les Graves]

[Photos de Bordeaux – Panos]

[Vidéo de Bordeaux, 15:53 minutes]


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