Corse (jour 5) Comme des chèvres de montagne pour Usciolu

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Mercredi 23 juin 2010: Après une bonne et longue nuit de sommeil, on se réveille à 6h sans cadran et on était les premiers levés. Ce n’est pas étonnant, on était couché longtemps avant tout le monde! C’est quand même surprenant que ce soit aussi silencieux pour un grand dortoir de 20 lits, chacun est respectueux de l’autre. On prend un petit déjeuner rapido, repacte nos sacs et on est prêt à partir à 8h tapant.

On commence la journée en force avec une longue montée assez abrupte dans la forêt. Après 45 minutes, on sort de la forêt et nous avons chaud. On enlève des pelures et on se met de la crème solaire sur nos bras, ce n’est pas le temps d’avoir un coup de soleil. D’ailleurs, heureusement qu’on se mettait de la crème solaire sur le visage et dans le cou à tous les jours, car sinon on aurait été calcinés. Le groupe de français (les 2 ados et les 3 dames) nous ont rejoint et on fait ensemble une bonne partie de la marche de la matinée.

Le sentier zigzague entre les bosquets au grand soleil et les arbres pendant quelques minutes avant de nous mener une deuxième fois en forêt pour poursuivre la montée. Et c’est comme ça que nous commençons notre longue ascension de 2km; en premier lieu en forêt où le sol est fait de terre et ensuite on sort de forêt et les caillous font leur apparition. La montée est exigeante au niveau cardiovasculaire, mais pas très difficile musculairement. L’effort est récompensé au fur et à mesure par la vue qui s’offre à nous jusqu’au sommet, bref un premier sommet car on ne fait que ça arriver à un sommet avant de réaliser que nous marchons vers un autre sommet….on marche maintenant sur les crêtes des montagnes.

Environ 2.5h après notre départ, on atteint le refuge Prati où nous aurions dû coucher hier soir. Une chance qu’on n’a pas fait cette partie là hier, on aurait pleuré je crois. Mais ce matin, frais et dispo, ça été plutôt facile. On prend donc notre collation au refuge et on fait le plein d’eau avant d’affronter les autres sommets qui se présentent devant nous. On quitte la petite vallée pour commencer une autre montée dans les grosses roches. On croise 2 personnes qui refont une beauté aux marques blanches et rouges, chacun avec leur couleur.
[Photos GR20 Usciolu 1/2]

Il nous faut juger chaque pas que nous faisons maintenant puisque nous sommes dans un sentier difficile et surtout périlleux. Il y a le vide d’un côté et la roche de l’autre, un petit passage, de l’escalade ou tout simplement une trace sur une roche qui montre que les gens ont marché là (c’est là que tu es content que tes souliers agrippent bien la paroi rocheuse et ne dérapent pas). A chaque pas, on se dit que le pire est derrière nous, mais on s’est trompé. Il faut mettre son cerveau à off, sinon il pense à ce qui pourrait arriver si…..et c’est là qu’on panique et qu’on fige. Mais rien n’est arrivé, nous sommes arrivés sains et saufs, on a repoussé nos limites au maximum et on est super fier de nous.

On a re-retrouvé les français à qui on se joint pour manger notre pic-nic de midi. Heureusement que nous sommes à l’abri du vent, parce qu’il souffle et nous refroidit bien vite. On ne reste pas trop longtemps et on repart où se poursuit notre randonnée dans les roches. Cette fois-ci, c’est plutôt de la descente, mais attention la descente dans les grosses roches n’est pas de tout repos et c’est parfois aussi difficile que la montée. Alors, on y va un pas à la fois, à notre rythme tout en essayant de prendre des pauses de quelques secondes pour contempler les paysages qui défilent sous nos yeux. Bien sûr, pas question de marcher sans regarder devant nous, c’est trop risqué. On passe d’un côté de la crête à l’autre en alternant montées et descentes sans grand dénivelé toutefois.

Nous arrivons finalement à un endroit plus terreux et on laisse les rochers derrière nous. On a croisé quelques vaches couchées des deux côtés du sentier et elles n’ont même pas bronché lorsque nous sommes passés. Une montée vraiment en zigzague nous attend et on commence à sentir la fatigue nous gagner parce que notre rythme à ralenti. Ce qui nous encourage, c’est que nous approchons de notre objectif. Selon le livre, nous avions planifié arriver vers 5-6h et nous y sommes presque.

A un moment donné, les marques se font plus difficile à trouver parmi les bosquets et les roches. Nous savons que la fin du trajet se termine par une descente, alors on continue à descendre la pente pour se rendre dans la vallée. On se rend compte qu’on ne trouve plus les marques blanches et rouges et le sentier n’est plus aussi clair, bref il n’y a plus de sentier. On regarde au loin et on ne voit pas de sentier plus bas……on se rend à l’évidence que nous avons perdu le chemin. On est claqué et surtout on a juste hâte d’arriver au refuge, mais par quel chemin? On reprend espoir lorsqu’on voit deux personnes tout en haut de la crête…..le chemin doit être là alors on prend notre courage à deux pieds et on remonte la pente. On est à une centaine de mètres plus bas et on attaque la montée en direct, pas de zigzag qui prend plus de temps. Ce fut une excellente idée, car on a retrouvé le chemin. C’est donc le coeur un peu plus léger et moins stressés que nous reprenons la route, mais là plus question d’avancer si on ne voit pas de marque. Depuis cet instant, on crie « OK » à chaque marque qu’on voit ce qui nous garde focus sur le sentier.

Finalement, le refuge se pointe devant nous et je craque….je me mets à pleurer, de joie bien sûr. La pression vient de tomber, je suis soulagée, mais nous ne sommes pas encore arrivés, car malgré qu’on voit le refuge, ça prend encore 45 à 60 minutes pour l’atteindre. Enfin, il est 7h30 et je peux toucher aux murs du gîte, enlever mon sac, mais il faut attendre avant que nos lits nous soient assignées. J’ai encore le coeur gros quand on voit le couple d’anglais et leur explique notre mésaventure….pas besoin d’en dire gros, tout se lit dans mon visage, mais les gens sont super gentils et leur support me fait du bien. Une chance que j’étais avec mon chéri, on a fait une bonne équipe.

Donc le site est super grand, il y a des tentes partout et il semble avoir une deuxième partie plus bas. Il y a une caverne d’Alibaba avec plein de provisions et demain matin on s’achètera des  trucs pour se concocter des pic-nic. Je suis tellement épuisée, que je saute la douche, mais Marc-André a pris sa douche froide, très froide. Il a préparé le repas pendant que je buvais le verre de vin que nos amis nous ont offert. Ce soir, on mange du poulet et c’est très bon.

Dès que notre lit nous est assigné, vers 8h30, on ne perd pas de temps à s’installer et à aller se coucher. J’ai tous les muscles de mon corps qui sont tendus, mais comme je prends le temps pour bien les étirer, j’espère que demain ils seront détendus. Bonne nuit!

Départ: Bocca di Verdi
Arrivée: Usciolu
Altitude: montée 1290m, descente 830m
Longueur: 16 km
Temps avec pause : 11h
Commentaire:  plusieurs passages dangeureux et difficiles avec les sacs à dos, marquage rare à quelques endroits, surtout à la fin
Rating du gîte : 2 / 5

Brigitte

[Photos GR20 Usciolu 2/2]
[Vidéo pour Usciolu, 3:01 minutes]


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