Berlin – Jour 1

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Allemagne

Samedi 14 mai 2011: Pourquoi visiter Berlin? Tout d’abord, l’idée c’était d’aller visiter le camp de concentration de Auschwitz. On s’est vite rendu compte que Auschwitz-Birkenau, les camps les plus importants de la deuxième guerre mondiale ne sont pas en Allemagne, mais en Pologne. On rajoutera donc la Pologne sur notre liste et on ira donc rendre visite au mur de Berlin. Autre déception, après recherche, le fameux mur est tombé le 9 novembre 1989 (vous allez voir le 9 novembre est une date très importante).

Donc, de retour à notre voyage, on vole avec EasyJet et les heures de vol sont très bonnes, donc on part très tôt le samedi, vers 5 heures du matin, pour un départ vers les 7:00. On arrive à Berlin à l’aéroport de Schönefeld vers les 9h, ce qui nous donne une grande partie de la journée et le dimanche au complet, car notre départ est prévu seulement pour 8h du soir.

On a donc, comme à l’habitude et encore plus dans les circonstances où on a juste deux jours pour voir les principaux points d’intérêt de la ville, prévu un tour guidé à pied. On avait deux choix, un tour de 6h, oui oui 6h avec un guide pour 12 euro ou un tour de 3.5h gratis. Ce n’est pas vraiment gratis, tu donnes ce que tu veux, au final c’est vraiment pas cher de toute façon. On se rend au point de rencontre de la compagnie Brewers Berlin Tours pour 10h où une fille hyper dynamique vient nous prendre pour nous amener au point de ralliement où notre guide de la journée nous prendra en charge. On est un petit groupe de 15 personnes (venant d’Australie, Californie et Chine), c’est tout à fait raisonnable.

Notre guide nous donnera une tonne d’information, j’ai pris des notes. Je vais, au meilleur de ma connaissance, vous présenter l’histoire de l’Allemagne, de la deuxième guerre mondiale et du parti de Hitler. Rassurez-vous, je ne suis pas un professeur d’histoire. Il faut garder en tête que l’histoire n’a pas juste une version, mais plusieurs. La version des vainqueurs est souvent la version officielle, je tenterai d’être le plus neutre possible. Je vais aussi vous raconter les différents point d’intérêts par lesquels elle nous fait passer et vous expliquer ce que c’est… voilà c’est un départ, 6h de tour guidé!

N.B. Ayant retranscrit mes notes, qui font déjà plus de 3 pages de texte, on fera un article séparé seulement sur l’histoire de la deuxième guerre mondiale. C’est pour alléger le texte et surtout pour ceux qui veulent en savoir plus. Je croyais connaître un peu l’histoire, ayant fait des recherches, écoutant et lisant beaucoup et c’est fou comme j’ai appris durant ces 6 heures de cours accéléré.

Le tour commence devant la nouvelle synagogue. Pendant les pogroms (assaut avec pillage et meurtres) de la nuit de cristal du 9 novembre (encore cette date) 1938, le parti nazi commence à mettre le feu aux synagogues. Un policier appelle les pompiers qui réussissent à éteindre le début d’incendie, préservant ainsi la synagogue de la destruction. C’est un des seuls édifices Juif à avoir survécu cette fatidique nuit, les autres synagogues ayant été totalement ou partiellement détruites. 162 000 juif habitaient Berlin au début de la deuxième gurre mondiale, moins de 7000 restaient à la fin.

Autre information intéressante, la prostitution étant légale en Allemagne, le soir cette rue (Oranienburger Straße) est le « red light » où les prostituées font leur travail, elles privilégient cet endroit car les touristes sont très présents, il y a beaucoup de circulation automobile. Donc, les prostituées, la police (sécurité pour la synagogue) et la religion font bon ménage et ce, tous dans la même rue.

On se déplace ensuite vers le plus grand édifice du quartier du Mitte sur la rue Oranienburger Straße, l’ancien édifice de la poste, converti en musée et récemment vendu pour en faire un hôtel de luxe. Cet édifice est un modèle d’extravagance, de luxe et d’architecture soigné ou un exemple de ce que l’on peut faire, quand l’argent n’est pas un problème. C’est un des plus beau édifice que j’ai pu voir. Nous n’avons pas le temps de visiter l’intérieur, de toute façon il y a une exposition, un peu bizarre, avec une voiture renversée à l’entrée qui signifie ?&#$*%?$ (j’en sais rien, c’est de l’art!)

On passe ensuite dans une rue moins « neuve » où on peut voir certains édifices dans l’état original de la fin de la deuxième guerre mondiale. La façade est martelée d’impacts de balles et de fragments d’explosion d’obus. Les caves de cet édifice et de beaucoup d’autres servaient de bunker privé lors des bombardements. Berlin, durant la guerre, était bombardée 5 fois par jour, 7 jours par semaine. Le gens avaient développés un système de contrôle de taux d’oxygène dans les caves à 3 niveaux de chandelle. Une chandelle était placée au niveau des genoux d’une personne de grandeur normale, une autre au niveau de la taille et une autre au niveau des épaules. Si la chandelle no. 1 (aux genoux) s’éteignait, il y avait moins d’oxygène. Si la chandelle #2 s’éteignait, on devait prendre les enfants dans ses bras. Et si la chandelle #3 s’éteignait, on devait se tenir sur la pointe des pieds et évacuer la cave, car il ne restait plus suffisamment d’oxygène. Système ingénieux, mais ça devait tellement être stressant d’entendre le bombes tomber et de savoir que l’on pouvait aussi mourir asphyxié dans les caves. Un système de tunnel avait été creusé pour pouvoir évacuer les caves si l’édifice s’écroulait et que l’on devait évacuer.

On passe devant une école juive où lors des rafles allemandes, les enfants étaient exécutés sans raison, les femmes violées et les gens battus. Des histoires toujours plus atroces les unes que les autres font partie de la guerre, mais le allemands, du moins le parti nazi, pour des raisons qui leur paraissaient justes, on fait subir aux juifs, aux personnes handicapées et aussi à tous ceux qui n’étaient pas ariens des atrocités que je ne vous raconterai pas dans les détails. Les gens demandaient pourquoi cet édifice est abandonné et que rien n’explique ce qui s’est passé ici (aucune pancarte ni plaque). Trois raisons, d’abord, il y aurait des pancartes sur presque tous les édifices qui on survécu à la guerre. Ensuite, il s’est passé des atrocités partout dans la ville et de constamment raconter et parler du passé ferait que les gens ne voudraient JAMAIS vivre dans des maisons, quartiers ou édifices où des viols, des meurtres et de la torture a été faite. Aussi, la ville est tellement dans le trou financièrement qu’elle n’a pas le budget pour démolir les édifices honteux et reconstruire d’autre choses à la place, donc ils restent placardés et inhabités, personne n’en veut et on ne peut rien en faire.

Vient ensuite la pause « obligatoire » du cours d’histoire. Je suis extrêmement intéressé et à ma demande on aura la version détaillée. Pour bien comprendre une ville, on doit savoir ce qui s’y est passé. Dans l’article dédié à ces explications, vous aurez le résumé de la deuxième guerre mondiale tel qu’expliqué en 15 minutes par notre guide. Tous ceux qui s’intéressent un tant soit peu à cette période se doivent d’écouter la série en six épisodes de « Apocalypse-The Second World War » le meilleur document historique jamais fait. Comme le répétait Gilles Proulx, grand historien et animateur de radio, il faut savoir d’où on vient pour savoir où on va! Dans le temps, je ne comprenais pas trop cette phrase, maintenant je la comprends mieux. Le monde n’a pas commencé à tourner quand on est arrivé au monde!

Notre prochain building important sur notre route est le grand centre d’achat, maintenant abandonné et utilisé depuis la fin de la guerre par les artistes. Ils squattent l’édifice, se sont fait déménager, jeter à la rue, sont revenus et on été rejetés à la rue par la ville qui ne veut pas les voir là. Depuis peu, ils payent un loyer pour pouvoir rester tranquille. Aux dernières nouvelles, l’édifice a été vendu et sera transformé en appartement, nous dit-on… on verra. Pour l’instant, ce sont surtout des artisans sculpteurs de fer qui occupent la cour arrière et des artistes peintres l’intérieur. Ca soude, ça coupe et ça crée des pièces, petites et grandes à l’intérieur, mais surtout à l’extérieur de cabanes de fortune faites de bois et de plastique. En fait, de loin ça avait l’air d’un taudis habité par des SDF (sans domicile fixe) et jamais je ne me serais approché et encore moins visité ça. Notre guide nous demande si ça nous intéresse. Les gens, c’est tellement plate, ne réponde jamais, moi je dis que oui et surtout c’est plein de graffitis, donc des opportunités photos intéressantes.

Dehors, c’est un marché où les sculptures sont à vendre. Ils travaillent et exposent les arts dans un dédale de ruelles où se croisent des punks, des touristes et des artistes. C’est franchement irréel comme endroit. Après 5 minutes bien compté, on repart et on passe devant l’entrée officielle du building où pas un pouce carré est sans « tag » et ça sent le pipi. Je demande si on peut visiter, elle dit que oui. Ce sont des salles abandonnées sur des étages où les peintres travaillent sur leurs toiles. On a 4 minutes top chrono pour monter et aller voir ça. L’odeur d’urine est très forte et on court un peu pour finalement arriver au dernier étage à une exposition de très grandes toiles, de 7 pieds x 10 pieds assez intéressantes avec dans un coin l’artiste qui travaille ou jase avec le client/touriste. En redescendant, on prend un peu de temps pour faire des photos et retrouve le groupe pour quitter l’édifice. Je suis très content d’être passé par là, tout seul je ne serais jamais entré et en fait c’est totalement public!

Il est maintenant midi et comme dans toutes les villes où l’on va, Brigitte essaie de manger des plats typiques de l’endroit. Ici c’est le currywurst qui est typiquement berlinois. C’est une saucisse coupée en morceaux agrémentée de sauce au curry  et enterrée sous une montagne de ketchup et ce avec des frites ou pain. On prend aussi une petite brochette de poulet au cas où. Ce n’est pas très chic, mais c’est très bon. On aura assez de force pour le reste de la promenade.

On passe par l’allée de tilleuls, grande allée bordée des drapeaux avec la svastika dans les années 40. Les arbres ont été replantés et sont aussi catalogués. Chaque arbre a son numéro. On sait donc qu’il y a 247 000 arbres à Berlin, Ah les Allemands toujours aussi précis et rigoureux! Pour ceux, qui comme moi, pensent que la svastika est un signe nazi, vous être totalement dans le champs. En fait c’est un mot masculin, le svastika,  tel qu’on le représente la plupart du temps, est un symbole religieux que l’on retrouve de l’Europe à l’Océanie, apparaissant dès l’époque néolithique. On peut le décrire comme une croix composée de quatre potences prenant la forme d’un gamma grec en capitale (Γ), d’où son autre appellation de croix gammée. Ce symbole est notamment utilisé en Orient dans la symbolique jaïne, hindoue et bouddhique, en Chine pour symboliser l’éternité. En Occident, le svastika pointant vers la droite et généralement incliné de 45 degrés, a été adopté comme emblème par les Nazis et acquis dès lors une forte connotation négative qui en a fait quasiment disparaître l’usage en Occident, après la Seconde Guerre mondiale. Voilà qui est rétablie, c’est un symbole religieux et n’a rien à voir avec les nazis. Si les nazis avaient pris la marguerite comme emblème, elle serait devenue illégale? c’est n’importe quoi.

On arrive finalement à la Porte de Brandebourg à l’entrée ouest de l’ancien Berlin. Elle fut construite de 1788 à 1791 en style néoclassique. Tous les événements importants de l’histoire de Berlin sont liés à la porte de Brandebourg comme symbole de la ville mais aussi de l’État. Ainsi, c’est sous la pression de plus de 100 000 personnes que 28 ans après sa construction le mur fut enfin rouvert au niveau de la porte le 22 décembre 1989. Le site est impressionnant avec ses nombreux touristes et ses ambassades et édifices importants autour de la place. Un hôtel, l’hôtel Adlon, juste devant la porte est célèbre pour être la place où les roi et reine du monde débarquent lors de leur voyages. La reine Elizabeth y logeait et c’est aussi l’endroit où feu Michael Jackson a tenu dans ses bras par la fenêtre au dessus du vide un de ses enfants, grand moment de l’histoire et une autre preuve d’intelligence de l’homme.

Tous les bâtiments sont neufs et on été reconstruits selon les plans des édifices originaux. Lors de la 2e guerre mondiale, tous les édifices de la place ont été démolis et seule la porte est demeurée presque intacte. Ensuite, cette place a servi de grand terrain vague pour la séparation de l’est et de l’ouest. En aucun cas, on ne pouvait traverser cette place, sinon nous étions tués sur le champs.

Après cette visite, on se dirige vers l’édifice le plus impressionnant de Berlin, le Parlement qui s’appelle le Reichstag. C’est immense et presque identique comme il était lors de la guerre. Le toit, grande coupole de verre a été refait. Complètement transparente, elle représente ce que veut être la politique après Hitler, c-a-d transparente! On s’assoit devant, sur le gazon pour se faire expliquer l’histoire du mur. C’est très intéressant. A la fin de la deuxième guerre mondiale, l’Allemagne perdante est le tribut des guerres des gagnants. Tout le monde veut une partie, donc elle sera divisée également entre les Anglais, les Américains à l’ouest et les Russes à l’est. (les Anglais et Américains ont ensuite donnée une partie de leur terrain à la France). Berlin étant la plus grande ville et capitale, est située dans l’Allemagne de l’est et ils décident d’appliquer le même split sur Berlin que pour le reste de l’Allemagne. Ainsi, il y a une partie anglaise, française et américaine au centre de l’Allemagne de l’ouest.

Étant donné que les Russes sont communistes, les Allemands, qui font maintenant partie de l’Allemagne de l’est deviennent donc sous la loi des russes communistes. Ca ne plait pas trop et certains décident d’aller en Allemagne de l’ouest où c’est plus démocratique. Des centaines de millier de personnes, sur plusieurs mois, fuient l’Allemagne de l’est pour passer à l’ouest. C’est facile, tu marches où tu prends ton auto, il n’y a pas de frontières réelles. Voyant un exile de leur force de travail et de leur meilleurs cerveaux, l’Allemagne de l’est décide de fermer la frontière et de mettre des contrôles, c’est le rideau de fer. Les gens peuvent encore passer, mais il faut des autorisations de travail ou de visite. A partir de 1949, des centaines de milliers d’Allemands émigrent vers l’ouest dans l’espoir d’échapper à la dictature communiste. La même situation existe à Berlin où les gens essaient de passer de Berlin est vers Berlin ouest. Cela dit les soviétiques décident de la construction d’un mur, c’est la naissance du mur de Berlin. Dès lors, il est impossible de passer d’un côté à l’autre de Berlin, ceux qui essaient se font tirer dessus et tuer.

Le mur de Berlin, le « mur de la honte » pour les Allemands de l’ouest et « mur de protection antifasciste » d’après la propagande est-allemande, est érigé en plein Berlin à partir de la nuit du 12 au 13 août 1961 par la République démocratique allemande (RDA), qui tente ainsi de mettre fin à l’exode croissant de ses habitants vers la République fédérale d’Allemagne (RFA), soit l’est. Le mur sépare physiquement la ville en Berlin-Est et Berlin-Ouest pendant plus de vingt-huit ans et constitue le symbole le plus marquant d’une Europe divisée par le Rideau de fer. Plus qu’un simple mur, il s’agit d’un dispositif militaire complexe comportant deux murs de 3,6 mètres de haut avec chemin de ronde, 302 miradors et dispositifs d’alarme, 14 000 gardes, 600 chiens et des barbelés dressés vers le ciel. A certains endroits, l’espace entrer les 2 murs pouvait aller jusqu’à 500 mètres…c’est long à traverser sans se faire tirer! Environ 160 ressortissants de la RDA perdent la vie en essayant de le franchir, les gardes-frontière est-allemands et soldats soviétiques n’hésitant pas à tirer sur les fugitifs.

En 1989, la situation géopolitique change. Les Soviétiques annoncent leur retrait d’Afghanistan sans victoire. Au printemps, la Hongrie ouvre son « rideau de fer ». Certains observateurs pensent qu’une contagion de liberté va gagner aussi les Allemands. À la fin de l’été, les Allemands de l’Est se mettent à quitter le pays par centaines, puis par milliers, sous prétexte de vacances en Hongrie où les frontières sont ouvertes. En trois semaines, 25 000 citoyens de la RDA rejoignent la RFA via la Hongrie et l’Autriche. À Prague, à Varsovie, des dizaines de milliers d’Allemands de l’Est font le siège de l’ambassade de RFA. En RDA, la contestation enfle. Les églises protestantes, comme celle de Saint Nikolai à Leipzig, accueillent les prières pour la paix.

Cinq jours plus tard, une conférence de presse est tenue par Günter Schabowski, retransmise en direct par la télévision du centre de presse de Berlin-Est, à une heure de grande écoute. À 18h57, vers la fin de la conférence, Schabowski lit de manière plutôt détachée une décision du conseil des ministres sur une nouvelle règlementation des voyages, dont il s’avère plus tard qu’elle n’était pas encore définitivement approuvée.

Schabowski lit un projet de décision du conseil des ministres qu’on a placé devant lui : « Les voyages privés vers l’étranger peuvent être autorisés sans présentation de justificatifs — motif du voyage ou lien de famille. Les autorisations seront délivrées sans retard. Une circulaire en ce sens va être bientôt diffusée. Les départements de la police populaire responsables des visas et de l’enregistrement du domicile sont mandatés pour accorder sans délai des autorisations permanentes de voyage, sans que les conditions actuellement en vigueur n’aient à être remplies. Les voyages y compris à durée permanente peuvent se faire à tout poste frontière avec la RFA. »

A la question d’un journaliste : « Quand ceci entre-t-il en vigueur ? »Schabowski, feuilletant ses notes et n’ayant pas de réponse dit : « Autant que je sache — immédiatement. » C’est sur cette phrase et ce communiqué d’un ministre peu informé que des centaines de milliers de gens sortent de chez eux pour aller aux différents postes frontaliers du mur. Les gardiens, pas encore informés de cette annonce, ne savent pas trop quoi faire, ils devraient tuer toutes personnes qui tentent de franchir le mur, mais ils ne peuvent quand même pas tirer sur un foule de plus de 100 000 personnes, ils les laissent donc passer. C’est comme cela, que le 9 novembre (encore !) 1989, la chute du « mur de la honte », suscitant l’admiration incrédule du « Monde libre » et ouvrant la voie à la réunification allemande. Presque totalement détruit, le Mur laisse cependant dans l’organisation urbaine de la capitale allemande des cicatrices qui ne sont toujours pas effacées aujourd’hui. Le mur de Berlin, symbole du clivage idéologique et politique de la Guerre froide. Il y a quelques pans du mur à travers la ville et dans les différents musées, mais généralement, il n’en reste rien, sauf quelques marquages au sol.

La guerre a laissé de profondes cicatrices dans la population et surtout parmi les juifs qui ont été les principaux (mais pas les seuls) visés par la folie d’extermination Nazi. Dans les dernières années, il a été plutôt admis qu’il fallait faire quelques monuments à la mémoire des juifs morts durant la guerre. Le Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe, également appelé Mémorial de l’Holocauste, situé au centre de Berlin, entre la porte de Brandebourg et la Potsdamer Platz, perpétuant le souvenir des victimes juives exterminées par les nazis au cours de la Shoah. C’est un « champ » de 19 073 m2, couvert de 2 711 stèles disposées en maillage. Les stèles font 2,38 m de long, 0,95 m de large et de 0 m à 4,7 m de haut. Elles sont censées produire une atmosphère de malaise et de confusion, représentant un système supposé ordonné qui a perdu le contact avec la raison humaine. Sous ce champ de stèles, se trouve la « Place de l’Information », qui contient le nom de toutes les victimes juives recensées par le musée israélien Yad Vashem. Nous irons visiter le centre d’information demain.

[Photos du tour de Berlin – partie 1]

On passe devant la chancellerie du Reich. C’est l’administration du Reich allemand.  La Neue Reichskanzlei construite sur les ordres d’Hitler et dans laquelle il se suicide (plus précisément dans le Führerbunker) le 30 avril 1945. Sérieusement endommagée lors de la bataille de Berlin, ce bâtiment fut rasé quelque temps après. Les bunkers, parlons-en. Ce sont des bâtiments enterrés pour protéger lors des bombardements. Il y en a plein partout disséminer dans la ville. Certains sont connus, certains détruits et plusieurs autres reste encore à découvrir. On s’assoit dans un parking gazonné où notre guide nous décrit comment Hitler gérait la guerre de son bunker. Au final, Hitler était devenu complètement fou dû à un excès de cocaïne liquide qu’il s’administrait par les yeux et le manque de sommeil à cause qu’il voyait des gens qui voulaient l’assassiner partout (ce qui devait sûrement être vrai). Il a donc perdu la guerre à cause de ses ambitions folles, sa perte de contact avec la réalité et surtout les mauvaises décisions qu’il a prises à la fin.

On apprend que Hitler était « virtuellement » marié à l’Allemagne et n’avait donc pas de femme. Une journée avant d’abandonner et de capituler, il s’aperçoit que l’Allemagne l’a abandonné et est très déçu de ses concitoyens. Il peut donc se marier à une femme, Eva Braun, la seule compagne qui lui est restée fidèle. Ils n’ont pas eu d’enfants ensemble, ni même de relations sexuelles il parait. Au lendemain du mariage, ils croquent du cyanure et se tirent, les deux une balle dans la tête à la sortie du bunker, sachant que la guerre est terminée et qu’ils ont perdu. On est assit exactement à l’endroit le plus important du vingtième siècle, là où la deuxième guerre mondiale a pris fin et où Hitler, le leader de la plus forte armée du monde, le meurtrier reconnu et le visionnaire le plus fou est mort. Il n’y a rien, sauf une petite pancarte qui montre les plans du bunker à l’entrée du parking. Elle nous racontera aussi l’histoire de Magda Goebbels (elle tua ses six enfants), une folle d’Hitler et de Heinrich Himmler (chef de SS) et grand idéologue et metteur en scène de la « solution finale ». Pour plus d’infos voir wiki, mon texte est déjà assez long comme ça!

On peut se demander pourquoi un endroit aussi important est devenu un parking pour des blocs appartement. Notre guide nous explique. Si on en fait un musée ou un monument à Hitler, ça va glorifier un meurtrier fou et donner un endroit aux extrémiste nazi pour se regrouper, se recueillir sur le leader mort. Si on ne fait rien, détruit tout et construit un centre d’achat (disons) c’est comme nier que l’histoire s’est déroulée ici. Donc pour l’instant le bunker est toujours sous terre, inondé et murer, c-a-d non accessible. Ils ont fait un parking au dessus et ne nient pas l’importance du site, mais ne font pas sa promotion non plus. C’est fou d’avoir autant de monuments, de terrain qui ont marqué l’histoire de l’humanité et toujours être dans une position où si tu ne fais rien, ce n’est pas correct et si tu fais quelque chose, c’est aussi mal. C’est ce que l’on peut appeler un catch 22. Livre culte des pacifistes opposés à la guerre du Vietnam, Catch 22 est une satire féroce de l’armée, de la hiérarchie et de la Seconde Guerre mondiale. Il raconte l’histoire d’un capitaine ,  de bombardier B-25, qui tente à tout prix de sauver sa peau en simulant la folie. Mais l’article 22 du règlement prévoit que « Quiconque veut se faire dispenser d’aller au feu n’est pas réellement fou. ».

On marche encore un peu pour arriver au Ministère de l’Air du Reich, le bâtiment à Berlin qui abrita le ministère de l’Air du Troisième Reich en Allemagne sous le régime national-socialiste. Il abrite aujourd’hui les bureaux du ministère fédéral des Finances. Au cours des années 1935/1936, on construisit un bâtiment abritant 2 000 bureaux sur 56 000 m2, pour le ministère dont les effectifs avaient entre temps fortement augmenté. Il était le plus grand bâtiment administratif de la capitale. Bizarrement, et pour vous montrer comment la coalition n’était pas très bonne pour faire la guerre, ce bâtiment n’a jamais été bombardé. C’était le plus grand bâtiment de Berlin, le point de décision de toutes les frappes de l’armée et personne n’a jamais réussi à le toucher avec un bombe. Mais les alliés ont réussit à bombarder leur propre ambassade (Anglais) et aussi à tuer le seul éléphant du zoo. C’est pour vous dire comment les bombardements étaient complètement aléatoires et peu efficaces.

On se rend au musée en plein air, la seule place où le vrai mur dans l’état réel reste encore debout. C’est le musée de La Topographie de la Terreur situé sur le site des bâtiments qui, au cours du régime nazi de 1933 à 1945 ont été le siège de la Gestapo et la SS , les principaux instruments de la répression pendant l’ère nazie. On peut y voir encore les vestiges des cellules où Himmler a fait incarcérer et torturer plus de 10 000 personnes pour avoir des informations. Les gens étaient encouragés à espionner ses voisins et dénoncer tous actes non patriotiques. Être gai, handicapé, fréquenter une juive, ne pas penser comme Hitler ou être un gypsi était considéré comme une traîtrise et encourait la peine de mort. Au sortir de la guerre le ministère avait des fiches d’information sur 1/3 de la population.

Notre visite se termine bientôt, nos pieds n’en peuvent plus et je suis certain que vous êtes déjà tannés de lire. On se rend au célèbre « check point charlie » que notre guide déteste. Elle a certainement raison et nous explique que c’est le summum d’un attrape touriste. Tout y est faux. Les gens déguisés en garde américain, sont des danseurs pornos et demandent 2€ pour prendre une photo avec eux. Le cabanon est en fait une reconstitution. Les photos de garde russe et américain, bardé de médailles ne sont historiquement pas juste et n’étaient pas là réellement. Les vendeurs de stock de l’armée sont des arnaqueurs et souvent des acteurs pornos dans la vie. Il y a même un gars qui a des étampes et qui peuvent étamper ton passeport avec l’étampe de la Russie, de la France,  de l’Angleterre, des Etats-Unis, de l’Allemagne et de check point charlie, ce qui rend ton passeport nul/invalide. Quelle bonne idée que de faire invalider ton « bon » passeport par un acteur porno déguisé en garde américain et ce pour  5 euros! On profitera plutôt de ce temps pour aller manger un morceau de gâteau dans un bon petit restaurant juste à côté.

Durant le temps que l’on marche pour aller au prochain point intéressant, on apprend que dans les années 1920, l’Allemagne était le lieu de perdition où les excès les plus fous étaient possible. La prostitution, la cocaïne, l’héroïne, l’alcool et l’opium étaient légales. Je vous laisse le soin d’imaginer les party qui étaient possible de faire dans les bars des environs. Elle nous raconta une histoire qui ne plairait vraiment pas à ma mère alors je vous en fais grâce, mais imaginer les débauches les plus extrêmes que vous puissiez penser, multipliez par deux et c’est encore plus fou. La seule personne qui a pris la parole et c’est ouvertement dit contre ses débilités et excès c’est  Hitler qui a mis un stop à tout ça. C’est aussi une des raisons pourquoi il a eu des gens qui étaient d’accord avec lui. L’Allemagne était rendu un pays de débauche et il a remis un peu d’ordre dans tout ça.

C’est presque la fin de nos 6h et plus de tour guidé, on passe à travers le plus beau square de Berlin: Le Gendarmenmarkt ou Place du Marché des Gendarmes qui est située au centre de Berlin, dans l’arrondissement de Mitte. Elle est bordée par le Konzerthaus (salle de concert) et les deux cathédrales réformées (française et allemande). Au centre, se dresse une statue du célèbre poète Frédéric Schiller. La place fut créée par Georg Christian Unger à la fin du XVIIe siècle, qui lui n’était pas catholique, mais disait que toutes les religions ont droit d’exister et fit construire une église aux pères catholiques. Les catholiques étaient tellement contents qu’il firent construire une église en l’honneur des protestant. Donc, une église catholique construite par les protestants et une église protestante construite par les catholiques, et ce presque identiques placées l’une face à l’autre, Berlin est plein de contradictions. Le édifices tout neufs qui entourent la place ont été refaits, car presque tout Berlin, c-a-d 80% des édifices après la guerre avait été détruits.

On se rend au point d’intérêt tout près de La Bebelplatz, une place publique de Berlin. La place est sur le côté sud de l’avenue Unter den Linden, l’un des axes principaux est-ouest dans le centre de la ville. Elle est délimitée à l’est par l’Opéra d’État (d’où son nom d’avant-guerre), à l’ouest par des bâtiments de l’Université Humboldt et au sud par la cathédrale Saint-Edwige, la plus ancienne église catholique romaine de Berlin. Cet ensemble trouve son origine dans un plan urbanistique entrepris sous le règne de Frédéric II de Prusse. Un opéra, une académie des sciences, un château étaient projetés. Ce rêve de grandeur a cependant pâti des mauvaises finances du roi de Prusse grevées par les guerres et des aménagements successifs qui ont déséquilibré l’ensemble. Seul l’opéra fut construit selon les plans initiaux.

La Bebelplatz est surtout connue comme le site de l’autodafé des livres qui s’est déroulée le 10 mai 1933 par les membres de la SA et des groupes de jeunes nazis, sur l’instigation du ministre de la propagande, Joseph Goebbels. Ce jour-là, des étudiants brûlèrent 20 000 livres « non allemands » pris dans les bibliothèques et les librairies. Les étudiants firent la chaîne pour jeter les livres dans les flammes, dans les hourras, pendant qu’un condisciple déclamait les noms des auteurs concernés. Après Karl Marx et Karl Kautsky, vinrent les noms de 19 écrivains parmi lesquels entre autres, Bertolt Brecht, Alfred Döblin, Lion Feuchtwanger, Sigmund Freud, Erich Kästner, Heinrich Mann, Carl von Ossietzky, Erich Maria Remarque, Kurt Tucholsky, Franz Werfel, Arnold Zweig et Stefan Zweig.

Il y a le mémorial qui fait suite à l’Autodafé (brulé les livres). C’est une vitre au sol où l’on peut voir une bibliothèque vide avec une place pour chacun des livres brûlés. On peut y lire la phrase suivante : Le 11 mai 1933 à Berlin « Là où on brûle des livres, on fini aussi par brûler des hommes.  »— Heinrich Heine, Almansor, Un visionnaire ?

Le tour se termine , enfin ! sur l’ile aux musées devant L’Altes Museum (soit Vieux Musée en allemand), un des nombreux musées de l’île aux Musées à Berlin. Depuis sa restauration en 1966, il abrite la collection d’œuvres antiques des Musées Nationaux de Berlin. Il fut le premier musée public de Berlin où un grand bol en marbre est posé devant. Pas trop impressionnés par la sculpture, on apprend que c’est le plus grand bloc de marbre jamais découvert, une pièce immense, qu’ils ont sculpté en bol et mis devant. En le déposant, ils l’ont échappé et l’on brisé! Moi je trouve ça très drôle! L’édifice impressionne par ses colonnes et son état est un musée. C’est de là que Hitler faisait ses rassemblements et discours.

Sur cette place, on peut voir Le Berliner Dom, cathédrale historique de Berlin située sur l’île aux Musées. L’empereur Guillaume II a voulu pour l’église luthérienne une cathédrale digne de la grandeur de la capitale impériale. Il la fit alors construire sur le lieu d’une ancienne cathédrale du XVIIIe siècle . Sa construction s’étala entre 1894 et 1905. L’édifice est de style de la haute renaissance italienne. On ne pourra même pas la visiter le dimanche, il y avait un concert.

Ouf, c’était un méchante journée, j’ai la tête qui tourne, on est crevé et il commence à pleuvoir. On prend congé de notre guide en la remerciant de tout et on prend le métro pour se rendre à notre hotel, en fait une auberge de jeunesse située un peu à l’extérieur du centre de Berlin, à 5 stations de métro. On fait le check-in et on prend une mini pause pour ensuite repartir aux alentours pour se trouver une place pour manger. On est dans le quartier des étudiants, donc les restaurants sont bien et pas cher. On mangera un super souper dans un resto correct, sans plus, mais la nourriture était excellente pour 36 euro total. Il est grand temps de retourner à l’hôtel et ça ne prend pas 5 minutes que l’on est couché et on dort profondément. Ce fut une très longue journée, mais combien enrichissante sur le plan culturel.

MAM

[Photos du tour de Berlin – partie 2]


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